Phylosophie

Les innombrables artefacts de comportement qui recouvrent les schémas naturels de nos mouvements agissent de la même façon qu’un habit inadapté empêche l’aisance corporelle. Le conditionnement de nos modes de vie, de plus en plus détachés de l’activité physique et de moins en moins encrés dans le concret, nous prive de l’expérience et de la conscience des mécanismes primaires de fonctionnement du corps. Notre attention est totalement mobilisée et submergée par des flux d’information virtuelle sans rapport, voire même en contradiction, avec notre organisme. Toutes ces interférences artificielles viennent s’immiscer dans notre motricité naturelle jusqu’à en perturber le fonctionnement.

Notre corps digère chaque jour les aliments que nous lui donnons, sans que nous n’ayons besoin de nous en occuper. Cela ne signifie pas que nous puissions lui donner n’importe quel aliment sans provoquer des dysfonctionnements. Lorsque les pratiques culturelles, sociales et individuelles ne respectent plus ou s’éloignent trop des règles que la nature a inscrites en toutes choses, ces choses tombent en souffrance, puis en maladie et finissent par dépérir.

Le remède (ou la prévention), en toute logique, est de retrouver (ou conserver) une bonne entente entre les pratiques et la nature. Mais comment se rallier à cette nature, lorsque les mauvaises pratiques se sont incrustées dans la mémoire corporelle et dans les réflexes, au point d’être ressenties elles-mêmes comme naturelles ?

La pratique du mouvement animal ravive et intensifie les schémas primaires sans qu’il n’y ait besoin de les réinventer. Il suffit de se mettre en situation de locomotion animale pour qu’ils ré-émergent d’eux-mêmes, car en de telles situations le corps ne peut pas faire autrement. Certes, il faut un peu de temps et d’entraînement pour que la musculature s’adapte, que les réflexes lâchent leurs habitudes de résistance et que les sensations naturelles reviennent.

Le processus n’est pas une régression vers l’état animal, bien au contraire, car il exige une prise de conscience accrue des coordinations élémentaires du mouvement, c’est-à-dire une représentation mentale, que les animaux n’ont pas. L’exploration concrète du mouvement permet dans un premier temps de se construire une représentation mentale du corps en adéquation avec sa réalité physique. Ces deux dimensions étant chacune à la fois maître et serviteur l’une de l’autre, leur harmonisation est ce qui rend l’être proprement humain.

Le mouvement animal nous confronte aux lois de la physique dans la substance et le ressenti de notre corps, mais aussi dans notre conscience du réel. Il agit sur le corps et l’esprit en les faisant converger vers une union.

Cette pratique s’adresse à tous les vrais mateurs du mouvement dont les objectifs ne se limitent pas à l’esthétique de leur silhouette. Elle s’adresse aussi aux professionnels du mouvement qui veulent approfondir et développer leurs capacités dans leur discipline respective.

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